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Le 12 octobre 2021, la Commission Européenne réalisait sa première émission d’obligation verte au nom de l’Union Européenne. L’opération permettait la levée de 12 Mds € exclusivement destinés à des investissements verts en Europe. Par son succès et sa taille, cette seule transaction place l’Europe au sommet de l’univers des investissements ESG.

 

Le financement de tous les records

Plus grosse obligation verte jamais émise, cette opération est une étape pour l’UE qui devrait devenir le premier émetteur mondial d’obligations vertes.

Cette dette fait en effet partie du plan de relance NextGenerationEU lancé en 2020 et qui prévoit d’investir 800 Mds € dans des projets d’avenir. Les besoins de financement atteignent donc environ 150Mds € par an. A lui seul, le volet Green compte pour 250 Mds €. Certains investissements sont déjà approuvés, notamment une plateforme de recherche pour la transition énergétique en Belgique et un programme éolien en Lituanie. D’autres suivront rapidement : chaque pays membre a listé des investissements éligibles pour une cohérence du plan à l’échelle européenne.

Ces financements verts s’articulent également avec l’objectif affiché d’émissions nettes à zéro pour 2050. Nous mettions en avant ces mesures dans notre article Fit for 55, la révolution de la politique verte européenne.

 

Une nouveauté pour l’Europe

Depuis sa création en 2007, le marché des obligations vertes connait une croissance exponentielle. Le marché a franchi la barre des 1 000 Mds $ émis en décembre 2020.

Pour l’Union Européenne, le but de cette opération est double. D’une part, elle concrétise le principe d’endettement solidaire pour des projets d’avenir. D’autre part, elle affiche une volonté de devenir rapidement une référence auprès des investisseurs ESG.

L’accueil des marchés est enthousiaste. Le carnet d’ordres final dépassait les 135 Mds €, soit plus de 11 fois le montant à émettre ! Le résultat est historique : jamais un carnet d’ordre d’obligation verte n’avait atteint ce niveau.

L’opération s’inscrit enfin dans la continuité des émissions d’obligations souveraines vertes sur 2021. A ce jour, 16 pays ont émis pour un montant total de 112 Mds €. La prépondérance de l’Europe au sens large est nette : près de 90% du montant total si on ajoute le Royaume-Uni. D’autres acteurs existent néanmoins. On citera notamment l’Indonésie, le Chili ou encore Hong Kong.


L’émergence du greenium

Les émetteurs verts parviennent régulièrement à baisser leur coût de financement par rapport à une obligation classique. L’attrait des investisseurs et la taille restreinte du marché expliquent le phénomène surnommé « greenium », mot valise pour green premium.

Ainsi, le Royaume-Uni, émetteur récurrent sur les marchés, bénéficie d’un greenium d’environ 2.5 points de base sur sa dernière émission d’obligation verte. Selon la Commission Européenne, l’émission de l’Union Européenne a profité d’une prime comparable. Notons cependant que les points de comparaison sont limités et que le chiffre doit être considéré avec prudence.

Si l’Union Européenne met en lumière le marché de la finance durable pour les souverains, son succès se confirme également côté corporates. En témoignent la  multiplication des émissions s’appuyant sur des frameworks verts ou durables et l’appétit soutenu des investisseurs. Selon Reuters, le segment green totalisait 362 Mds $ entre janvier et septembre 2021, éclipsant déjà les émissions vertes pour la totalité de 2020.

Denis Pantel

Partner